La « Passion Economy » : Du concept à la réalisation
Des entrepreneurs ont appliqué à la lettre cette pensée et ont collectivement créé la « Passion Economy ». Si vivre de sa passion n’est pas une spécificité de ce siècle, l’engouement de ces entrepreneurs et leurs business modèles dérivés de leurs passions ont ravivé ce phénomène.
Le principe est de créer de la valeur autour de sa passion et de la transmettre à une communauté de clients qui la valorisent.
On peut définir les bases suivantes des business modèles de cette économie :
- La passion : La création de valeur dans ce business découle d’une passion bien maitrisée par l’entrepreneur. Elle doit être différenciante et in fine monétisable.
- Les clients : Ils représentent une communauté de passionnés. La «Passion Economy » n’est pas une économie d’échelle mais une économie de niche. Chercher à contenter une large audience risque fortement de diluer la valeur proposée et de dénaturer l’originalité et l’intégrité de la passion.
- Le produit ou le service : La valeur de son produit ou service doit résulter de l’adéquation entre la passion et les besoins des clients. Pour perdurer, l’offre ne doit pas être facilement copiable. L’entrepreneur doit cultiver sa différence pour ne pas tomber dans le champ du banal et de l’industriel.
- Le prix : Dans une logique de stratégie de différenciation, ce ne sont ni les coûts ni les prix des concurrents qui définissent le prix d’une offre. En effet, c’est la valeur de la passion transmise aux clients qui définit ce que l’entrepreneur mérite de recevoir. Si ce chiffre ne couvre pas les coûts, il devra revoir les trois bases précédentes de son business modèle.
- La communication : L’entrepreneur doit communiquer, de façon authentique, l’histoire autour de sa passion et la faire vivre à ses clients : le « Storytelling » est indispensable dans cette économie. La communication avec les clients doit aussi être à double sens. Grâce à cette interaction, l’entrepreneur peut affiner son offre.
Les nouveaux talents de la « Passion Economy »
Récemment, les entrepreneurs de la « Passion Economy » monétisent leurs passions grâce à internet. Ils tirent leurs revenus d’abonnements payants, de vente de contenu premium ou de donations. Ils proposent plusieurs types de produits comme :
Les formations en ligne
Des experts transmettent leurs savoir-faire et leurs savoirs-être en ligne. Le formateur peut avoir son propre site et/ou passer par des plateformes comme : Open Classroom, Udemy, edx ou Coursera. Les offres de cours sont très diversifiées comme l’informatique, résoudre un Rubik’s cube et l’équitation. Un certificat peut être délivré à la fin de la formation.
Le coaching en ligne
Il s’agit également d’offre de formations mais individualisé via des outils de visioconférence. Moovone ou Coachhub sont des exemples de plateformes de coaching. D’autres coachs animent leurs sites internet comme « donner du sens » (coaching en développement personnel) ou « Pianiste de jazz ».
Les newsletters payantes
Les entrepreneurs publient et envoient à leurs communautés d’abonnées des bulletin informatifs. La distribution se fait via leurs sites internet ou via des plateformes comme Substack ou Gumroad. On note les exemples suivants :
- Brief.me fait le tri de l’actualité du jour et envoie chaque soir un résumé. L’abonnement commence à de 4,80 € par mois.
- The Van Trump est à destination des agriculteurs. La newsletter a des abonnées dans plus de 35 pays. L’abonnement débute à environ 60 $ par mois.
Les podcasts payants
Il s’agit du même business modèle que les newsletters payantes. Kooneo est une des plateformes de distribution. Comme exemple de produit, il y a :
- Never Not Funny : Jimmy Pardo reçoit des invités autour d’histoires drôles. La version payante commence à 5 $ par mois.
- The Bowery Boys : Il est consacré à New York. L’abonnement coûte jusqu’à à 94 $ par mois.
Bâtir et faire vivre une communauté autour de sa passion
1. Connaitre sa cible
A cet effet, l’entrepreneur doit :
- Lire des recherches comme les études du secteur. Il s’agit seulement d’une première étape de reconnaissance car la valeur à transmettre est sur une niche. Elle est donc différente de ce qui existe déjà sur le marché.
- Interroger les personnes qu’il a connu au cours de la pratique de sa passion.
- S’inscrire à des groupes sur les réseaux sociaux ou à des revues en ligne, lire les avis des internautes et interagir avec eux pour connaitre leurs besoins.
2. Se faire connaitre auprès d’un public cible et intéressé
L’entrepreneur doit créer sa marque en ligne autour de sa passion. Dans la « Passion Economy », il doit réunir des profils actifs qui valorisent sa passion et non une audience à l’échelle d’une industrie. Plusieurs pistes de réflexion existent :
- Inscription à des associations spécialisées dans sa passion.
- Création d’un site internet ou de pages sur des réseaux sociaux et y poster régulièrement du contenu de qualité.
- Recours à des plateformes spécialisés pour distribuer ses produits, gagner en visibilité et rediriger les internautes vers ses pages internet.
- Offre d’un avant-gout gratuit de ses produits. Cette technique permet aux internautes de découvrir la qualité du contenu de l’entrepreneur. Elle permet de constituer son carnet d’adresse et d’inviter les internautes, dans un second temps, à approfondir leurs passions avec la version payante.
- Référencer son site internet et/ou ses produits sur les moteurs de recherche.
- Achat de mailing listes. Cette technique est à manier avec prudence au regard de la qualité, parfois médiocre, de ces listes.
3. Entretenir les relations avec sa communauté
Créer une communauté ne suffit pas, il faut la faire vivre et interagir avec les passionnés en :
- Lisant et en répondant à tous les commentaires sur les pages internet de l’entrepreneur ou ses réseaux sociaux. Bien entendu, il faut personnaliser les réponses et apporter des solutions concrètes aux problèmes de la communauté.
- Sollicitant et en écoutant les demandes des passionnés pour leur offrir du contenu de qualité et approprié à leurs besoins.
- Suivant ses ventes et en envoyant des lettres de remerciement aux souscripteurs ou aux donateurs.
- Incitant les passionnés à communiquer entre eux pour renforcer les sentiments d’adhésions à la communauté.
Vivre de sa passion est un plaisir qui demande un engagement significatif de l’entrepreneur. L’enjeu pour lui est de manier efficacement son business plan pour monétiser suffisamment sa passion et fidéliser sa communauté.
Si vous voulez plus loin sur le sujet nous vous conseillons la lecture l’article de Marie Dollé sur la Passion Economy